Discours du Chef d’établissement à l’occasion de l’inauguration de l’exposition  » Pour les 90 ans qui viennent »

Chers amis,

Ainsi que nous l’avons précisé sur notre carton d’invitation, nous souhaitons, en ce début de printemps 2018, à la fois commémorer les années passées, célébrer le présent et annoncer l’avenir.

Commémorer le passé.

Il est urgent de commémorer les 90 ans passés puisque le principal témoin des bonheurs et des malheurs de Saint-Charles, ce bâtiment qui est derrière moi, va disparaître dans peu de temps… dès que nous aurons libéré les lieux!

Ce n’est pas une architecture scolaire mais un simple entrepôt qui a été investi par Monsieur Boyer, le directeur de l’époque, débordé par le succès de son école  Saint-Charles, fondée en 1908 rue des Fourneaux, après le départ forcé des frères en 1907. Monsieur Boyer était lui-même un ancien frère, relevé de ses vœux, sécularisé comme beaucoup, pour pouvoir continuer l’œuvre d’éducation. Le bâtiment, avec son ossature en béton – pas encore si courante en 1928 –  était alors plus pimpant qu’aujourd’hui avec ses mosaïques de briques vernissées en soubassement des fenêtres comme en témoigne la carte postale que nous avons éditée. C’est qu’il a bien souffert depuis : bombardé pendant la guerre, surhaussé d’un étage et allongé en 1968.

Un petit calcul approximatif nous fait penser qu’il a accueilli entre 4 et 5000 élèves, quelques 200 enseignants et moins d’une centaine d’éducateurs. Toutes ces vies transpirent dans ces murs que nous ne pouvons pas quitter sans nostalgie. Ils vibrent encore des 90 ans de cris d’enfants, des paroles des maîtres, du silence des  examens; ils vibrent de 90 ans d’excellence éducative.

 

Célébrer le présent

La nostalgie, pas plus que le futur,  ne doit nous faire oublier l’aujourd’hui. « Ne vous faites pas tant de souci pour demaindemain se souciera de lui-même; à chaque jour suffit sa peine ». « Carpe diem ». Toutes les sagesses se rencontrent sur ce point et nous invitent à habiter le présent.

Il a quelques jours je faisais méditer les élèves sur une phrase de Joseph Wresinski « Faisons de chaque moment qu’il est nous permis de vivre un moment de joie. » La joie de notre collège, c’est la joie des éducateurs, du personnel de service, des 25 enseignants, des 220 collégiens qui je l’espère transparait dans cette exposition qui vous présente quelques réalisations récentes. Mais la vraie joie se mérite. Elle résulte d’un travail exigeant.

Une de ces joies est arrivée hier. Je vais laisser Madame Dupé, directrice adjointe de notre Section d’Enseignement Générale et Professionnelle adaptée vous l’annoncer.

Les élèves de 3e Segpa ont obtenu le 2e prix du concours de la Résistance dans la catégorie travail collectif , collège. Nous eu connaissance du résultat le 6 avril veille du discours.

Annoncer demain

C’est un secret de polichinelle. Vous le savez, après la rue des Fourneaux, la rue du Pont du Gast notre collège va s’implanter rue de La Garenne, à moins de 500 mètres d’ici.

Quand la première rentrée rue de La Garenne?

Le lundi 25 février 2019, au retour des vacances d’hiver.

Mais notre déménagement ne peut pas se réduire à un simple changement d’adresse.

Le 25 février 2019 nous rentrerons dans un beau bâtiment, neuf et bien restauré… sûrement beaucoup plus confortable et opérationnel mais il manquera les 90 ans d’âme de Saint-Charles.

Cette âme de collège il va falloir la faire renaître. Pour cela je vous invite à participer à un exercice de maïeutique pour accoucher d’une nouvelle sorte de collège. Un collège qui réponde aux défis de notre temps:

  • Le défi de la mondialisation
  • Le défi du numérique
  • Le défi de l’urbanisation et développement durable, je vous invite à lire et relire l’encyclique Laudado Si
  • Le défi que nous impose dramatiquement le fondamentalisme religieux

C’est-à-dire un collège pour les 90 qui viennent.

Quand je dis : »je souhaite vous inviter à un exercice de maïeutique » ce n’est pas un effet de rhétorique. Parce que je crois que l’école ne peut pas être abandonnée aux experts que nous sommes sans votre regard. Pour penser notre nouveau Saint-Charles, le collège des 90 ans qui viennent, je souhaite réunir un groupe de réflexion, un laboratoire d’idées, un think tank si vous préférez, cela fait plus smart… un groupe de réflexion constitué par notre équipe mais aussi par des personnes extérieures : des entrepreneurs, des parents, des anciens, des étudiants…

Les  regards des enfants qui vous contemplent depuis la façade disent notre plan de travail. Nous nous sommes appuyés sur une étude réalisée pour France Stratégie : « Quelle finalité pour quelle école? « . Vous trouvez le rapport sur internet.

Après avoir constaté que : » trop souvent les débats sur l’école tourne autour de sujets particulièrement techniques :  les rythmes scolaires, l’évaluation par compétence,  les méthodes pédagogique et se caractérisent par leur  manque de vision », que les textes officiels de l’Education Nationale, le code de l’éducation en particulier, donnaient beaucoup trop de finalités au système scolaire, les auteurs ont choisi une méthode originale : imaginer des systèmes scolaires ne poursuivant qu’une seule finalité. Ils ont ainsi développé trois systèmes scolaires à partir de 3 finalités fondamentales qu’ils ont dégagées :

  • Une école pour préparer au monde professionnel et à l’insertion dans la société
  • Une école pour accomplir sa personnalité
  • Une école pour transmettre une culture commune

Que nous avons traduit  par trois regards :

  • Une personnalité
  • Un métier
  • Une maison commune

Si ce rapport nous inspire, notre travail sera très différent. Il ne s’agit pas de créer un collège hors sol mais bien un collège Saint-Charles, avec son histoire, ses familles, dans notre ville de Blois, notre département de Loir et Cher.

Donc si vous êtes intéressés pour rejoindre notre groupe de réflexion vous n’hésiterez pas à vous faire connaître. Nous vous recontacterons. Nos réunions commenceront en mai.

Et la vie bonne? Le quatrième regard affiché sur notre façade! Chers amis, c’est la finalité ultime de l’éducation. Elle récapitule les trois autres. Mais « Qu’est-ce qu’une vie bonne pour des mortels? » nous demanderait Luc Ferry. Nous sommes une école catholique. Notre caractère propre doit être notre réponse.

Nous attendons de notre réflexion des solutions concrètes, réalistes, opérationnelles, adaptées à notre temps, à nos élèves, à nos familles. Pourtant nous espérons que l’on dira de nous non pas regardez comme ils sont experts, observez leur savoir faire,  admirez comme ils sont bien organisés,  mais voyez comme ils s’aiment.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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